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Quel bilan pour la tournée diplomatique de Mike Pompeo au Moyen-Orient ?

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Investi jeudi 26 avril comme 70ème secrétaire d’Etat américain suite au limogeage de Rex Tillerson, Mike Pompeo est déjà très présent sur la scène internationale. Après avoir rencontré Kim Jong Un lors du week-end de Pâques, il s’est rendu à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Otan à Bruxelles vendredi, avant d’enchainer une visite de quatre jours au Moyen-Orient. Le nouveau chef de la diplomatie de Donald Trump y a rencontré les représentants des alliés clés des Etats-Unis dans la région : l’Arabie saoudite, Israël, et la Jordanie. Parmi les sujets traités figurent le blocus du Conseil de coopération du Golfe à l’encontre du Qatar, et les conflits israélo-palestinien, syrien et yéménite. Le dossier le plus abordé reste cependant l’accord sur le nucléaire iranien.

Quel bilan pour la tournée diplomatique de Mike Pompeo au Moyen Orient ?
M. Pompeo, chef de la diplomatie américaine

Appel à l’unité des alliés

Le faucon de l’administration américaine est arrivé en Arabie saoudite le lendemain d’un raid sur Sanaa, mené par la coalition dirigée par Ryad, qui aurait tué une dizaine de rebelles[1]. Dans ce contexte, M.Pompeo a appelé les autorités saoudiennes à arrêter la guerre au Yémen et à faciliter l’accès au pays pour l’aide humanitaire, alors que 10 000 personnes sont mortes depuis 2015. Son appel sera difficilement suivi d’effet puisque les tensions avec l’Iran sont très fortement instrumentalisées dans le cadre de ce conflit. Alors que les alliés américains au Moyen-Orient – et les Etats-Unis eux-mêmes – considèrent l’Iran chiite comme une source de déstabilisation régionale majeure, il semble peu probable que l’Arabie Saoudite se retire de ce terrain d’affrontements.

Pour le nouveau secrétaire d’Etat américain, mettre fin à la guerre civile au Yémen et en Syrie, vaincre l’Etat Islamique et s’opposer à l’Iran, sont des priorités urgentes qui nécessitent une union arabe forte. C’est pourquoi il appelle l’Arabie saoudite à mettre fin au conflit au sein du Conseil de coopération du Golfe, un autre dossier délicat. Pour rappel, le royaume saoudien, le Bahreïn, l’Egypte et les Emirats Arabes Unis ont imposé un embargo au Qatar en juin dernier, accusant la monarchie de financer le terrorisme et de se rapprocher de l’Iran.

Une priorité: le dossier iranien

L’Iran a d’ailleurs été au coeur des discussions de la tournée de Mike Pompeo, et l’accord sur le nucléaire iranien reste le dossier phare de cette tournée diplomatique. Signé à Vienne en juillet 2015, ce texte a pour objectif de limiter le programme nucléaire de Téhéran, et l’empêcher de se doter de la bombe atomique en échange de la levée de sanctions économiques. Toutefois, Washington estime que cet accord, négocié par Barack Obama, n’est pas assez efficace pour dissuader l’Iran d’obtenir la bombe[3], et souhaite à défaut de s’en retirer totalement au moins le modifier.

L’Arabie Saoudite et Israël, grands rivaux régionaux de l’Iran, sont pour un durcissement de l’accord. Donald Trump donnera son avis définitif sur le sujet le 12 mai prochain alors que l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, ont communiqué dimanche leur volonté de « continuer de travailler étroitement, ensemble et avec les Etats-Unis sur la façon d’aborder les défis que pose l’Iran[4]». Les européens espèrent ainsi dissuader Washington d’annuler cet accord. Or, l’hostilité de l’Iran et de la Russie à toute modification du texte initial laisse peu de place à de futures négociations.

Soutien renouvelé à Israël

Lors de sa rencontre avec Benjamin Netanyahou dimanche 29 avril, Mike Pompeo a réaffirmé son soutien à l’Etat hébreu, dont les Etats du Golfe – Arabie Saoudite et Emirats – se sont rapprochés ces dernières années, face à l’influence grandissante de la République islamique iranienne dans la région. Le secrétaire d’Etat américain s’est aussi félicité du transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, dont l’inauguration aura lieu de 14 mai prochain. Le dossier israélo-palestinien a également été abordé à Amman avec son homologue jordanien Ayamane Safadi lundi 30 avril, où M. Pompeo a sollicité le retour des Palestiniens à la table des négociations. A ce sujet, la Jordanie prône une solution à deux Etats, alors que le plan de paix américain est en cours d’élaboration[2]. La rencontre entre les deux secrétaires d’Etat a également été l’occasion d’encourager un règlement politique de la guerre en Syrie, et de réaffirmer le soutien des Etats-Unis au royaume dans la lutte antiterroriste.

Ainsi, la visite de Mike Pompeo au Moyen-Orient a permis à Washington de renouveler la collaboration avec ses alliés régionaux, et de renforcer les liens contre l’Iran. Cette tournée a également pour but de montrer que la diplomatie américaine est de retour, après le mandat houleux de Rex Tillerson. Cependant, les fortes tensions que suscite chaque dossier laisse peu de place à de nouvelles perspectives, à l’exception de l’accord sur le nucléaire iranien, pour lequel tout est envisageable dans les jours qui viennent.

 

[1] Selon la télévision d’Etat Saoudienne, Al-Ekhbariya

[2] Plan de paix de Donald Trump : des fuites, avant même l’annonce, I24 News, 28.02.2018

[3] Nucléaire iranien : Trump étrille de nouveau « un accord horrible », L’Express, 01.05.2018

[4] Tournée dans le Golfe de Mike Pompeo : le secrétaire d’Etat prône la fermeté, RFI, 29.04.2018

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